Investir dans les énergies renouvelables : comment sécuriser un placement à long terme ?

L’essor des énergies renouvelables représente une opportunité d’investissement prometteuse pour les années à venir. Face aux enjeux climatiques et à la nécessité de réduire notre dépendance aux énergies fossiles, le secteur des énergies vertes connaît une croissance soutenue. Cependant, comme tout placement, investir dans les énergies renouvelables comporte des risques qu’il convient d’analyser attentivement. Comment alors sécuriser son investissement sur le long terme dans ce domaine en pleine expansion ?

Analyse du marché des énergies renouvelables en france

Le marché français des énergies renouvelables connaît un développement rapide, porté par des objectifs ambitieux fixés par le gouvernement. La part des énergies renouvelables dans la consommation finale brute d’énergie est passée de 9,2% en 2005 à 19,1% en 2020, avec une cible de 33% d’ici 2030. Cette croissance s’accompagne d’investissements massifs, qui ont atteint 7,5 milliards d’euros en 2020 selon l’ADEME.

Les filières les plus dynamiques sont l’éolien terrestre, le solaire photovoltaïque et la biomasse. L’éolien en mer commence également à se développer, avec la mise en service des premiers parcs offshore. Cette diversité offre aux investisseurs un large éventail d’opportunités, permettant de répartir les risques sur différentes technologies et projets.

Toutefois, le marché reste dépendant des politiques de soutien public, notamment des mécanismes de tarifs d’achat garantis et des appels d’offres de la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE). La visibilité à long terme sur ces dispositifs est un élément clé pour sécuriser les investissements.

Diversification du portefeuille énergétique

Pour minimiser les risques liés à l’investissement dans les énergies renouvelables, la diversification du portefeuille est essentielle. Elle permet de réduire l’exposition aux aléas spécifiques à chaque technologie et de bénéficier des opportunités offertes par différentes filières. Examinons les principales options disponibles pour les investisseurs.

Éolien offshore : le potentiel de Saint-Nazaire et fécamp

L’éolien en mer représente un axe de développement majeur pour la France, avec un objectif de 6,2 GW de capacité installée d’ici 2028. Les parcs de Saint-Nazaire et Fécamp, actuellement en construction, illustrent le potentiel de cette filière. Avec des investissements de plusieurs milliards d’euros, ces projets offrent des opportunités de placement à long terme, soutenus par des contrats d’achat d’électricité sur 20 ans.

Les investisseurs peuvent participer à ces projets via des fonds d’investissement spécialisés ou en acquérant des actions d’entreprises impliquées dans leur développement. Cependant, il convient de prendre en compte les risques liés aux retards de construction et aux possibles surcoûts.

Solaire photovoltaïque : focus sur les centrales de cestas

Le solaire photovoltaïque connaît une croissance rapide en France, avec une baisse continue des coûts de production. La centrale de Cestas, en Gironde, est emblématique de cette dynamique. Avec une capacité de 300 MW, elle était à sa mise en service la plus grande d’Europe.

Les investisseurs peuvent s’exposer au solaire via des green bonds émis par des développeurs de projets, ou en participant au financement participatif de centrales solaires. Ces placements offrent généralement des rendements stables, mais il faut être attentif à l’évolution des tarifs d’achat et à la compétitivité des installations face aux autres sources d’énergie.

Hydroélectricité : modernisation des barrages EDF

L’hydroélectricité reste la première source d’énergie renouvelable en France. EDF, principal opérateur, a lancé un vaste programme de modernisation de ses barrages. Ce Grand Carénage représente un investissement de plusieurs milliards d’euros sur 15 ans.

Pour les investisseurs, participer à ce programme peut se faire via l’achat d’actions EDF ou de titres de dette de l’entreprise. L’hydroélectricité offre l’avantage d’une production stable et prévisible, mais les investissements sont soumis aux aléas réglementaires, notamment concernant le renouvellement des concessions hydrauliques.

Biomasse : projets innovants de dalkia et engie

La biomasse, qui inclut le bois-énergie et la méthanisation, connaît un développement important en France. Des acteurs comme Dalkia (filiale d’EDF) et Engie investissent dans des projets innovants, combinant production d’électricité et de chaleur.

Les investisseurs peuvent s’intéresser aux obligations vertes émises par ces entreprises pour financer leurs projets biomasse. Ces placements offrent une diversification intéressante, mais nécessitent une attention particulière à la gestion durable des ressources et aux évolutions réglementaires sur la valorisation des déchets.

Mécanismes de financement des projets renouvelables

La sécurisation des investissements dans les énergies renouvelables repose en grande partie sur les mécanismes de soutien public. Ces dispositifs visent à garantir la rentabilité des projets sur le long terme, en offrant une visibilité sur les revenus futurs. Comprendre ces mécanismes est essentiel pour évaluer la solidité d’un investissement.

Contrats de complément de rémunération (CCR)

Introduits en 2016, les contrats de complément de rémunération (CCR) constituent désormais le principal mécanisme de soutien aux énergies renouvelables en France. Ce dispositif garantit aux producteurs un niveau de rémunération prédéfini sur une longue période, généralement 20 ans.

Le principe est le suivant : l’État verse au producteur la différence entre le tarif de référence fixé dans le contrat et le prix de marché de l’électricité. Si le prix de marché dépasse le tarif de référence, le producteur reverse la différence à l’État. Ce mécanisme offre une sécurité importante pour les investisseurs, en limitant l’exposition aux fluctuations du marché de l’électricité.

Tarifs d’achat garantis et appels d’offres CRE

Pour les installations de petite puissance, notamment dans le solaire photovoltaïque, le système des tarifs d’achat garantis reste en vigueur. Ces tarifs, fixés par arrêté ministériel, assurent au producteur un prix de vente stable de son électricité sur 20 ans.

Pour les projets de plus grande envergure, la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) organise régulièrement des appels d’offres. Les lauréats bénéficient alors d’un contrat de complément de rémunération aux conditions définies dans leur offre. Ce système permet de faire baisser les coûts de soutien public tout en garantissant aux investisseurs une visibilité à long terme.

Financement participatif via lendosphere et lumo

Le financement participatif, ou crowdfunding , s’est fortement développé dans le secteur des énergies renouvelables. Des plateformes spécialisées comme Lendosphere et Lumo permettent aux particuliers d’investir directement dans des projets d’énergies vertes.

Ce mode de financement offre plusieurs avantages : il permet de diversifier son portefeuille avec des montants relativement faibles, tout en bénéficiant de rendements attractifs (généralement entre 4% et 7% par an). De plus, il offre une transparence sur l’utilisation des fonds et un impact local tangible. Cependant, il convient d’être vigilant sur la qualité des projets proposés et de bien comprendre les risques associés.

Cadre réglementaire et incitations fiscales

Le développement des énergies renouvelables en France s’inscrit dans un cadre réglementaire ambitieux, visant à accélérer la transition énergétique. Ce cadre offre des opportunités pour les investisseurs, mais nécessite une veille constante pour anticiper les évolutions.

Loi de transition énergétique pour la croissance verte

Adoptée en 2015, la Loi de Transition Énergétique pour la Croissance Verte fixe des objectifs ambitieux pour le développement des énergies renouvelables. Elle prévoit notamment de porter leur part à 32% de la consommation finale d’énergie d’ici 2030.

Cette loi a introduit plusieurs mesures favorables aux investissements dans les EnR, comme la simplification des procédures administratives ou le renforcement des mécanismes de soutien. Elle offre ainsi un cadre propice au développement de projets à long terme.

Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE)

La Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) définit les orientations et priorités d’action pour la gestion de l’ensemble des formes d’énergie sur le territoire métropolitain continental. Elle fixe des objectifs quantitatifs pour chaque filière renouvelable, offrant ainsi une visibilité aux investisseurs sur les volumes à développer.

La PPE actuelle, couvrant la période 2019-2028, prévoit par exemple de multiplier par 2,5 la capacité installée des énergies renouvelables électriques en 2028 par rapport à 2017. Ces objectifs se traduisent par des appels d’offres réguliers, créant des opportunités d’investissement.

Crédit d’impôt transition énergétique (CITE)

Bien que principalement destiné aux particuliers pour la rénovation énergétique de leur logement, le Crédit d’Impôt Transition Énergétique (CITE) a des répercussions indirectes sur le marché des énergies renouvelables. En encourageant l’installation d’équipements utilisant des énergies renouvelables (pompes à chaleur, chauffe-eau solaires, etc.), il stimule la demande et favorise le développement de ces filières.

Pour les investisseurs, cette incitation fiscale peut se traduire par des opportunités dans les entreprises spécialisées dans ces équipements ou dans les fonds thématiques axés sur l’efficacité énergétique.

Gestion des risques et rentabilité à long terme

Investir dans les énergies renouvelables nécessite une approche équilibrée entre la recherche de rentabilité et la maîtrise des risques. Plusieurs outils et stratégies peuvent être mis en œuvre pour sécuriser les investissements sur le long terme.

Analyse des coûts actualisés de l’énergie (LCOE)

Le Levelized Cost of Energy (LCOE), ou coût actualisé de l’énergie, est un indicateur clé pour évaluer la compétitivité des différentes sources d’énergie. Il prend en compte l’ensemble des coûts sur la durée de vie d’une installation (investissement initial, exploitation, maintenance) rapportés à la production totale d’énergie.

Pour les investisseurs, l’analyse du LCOE permet de comparer la rentabilité potentielle de différents projets ou technologies. Il est important de noter que le LCOE des énergies renouvelables a fortement baissé ces dernières années, rendant ces technologies de plus en plus compétitives face aux énergies conventionnelles.

Contrats d’achat d’électricité (PPA) corporate

Les contrats d’achat d’électricité long terme, ou Power Purchase Agreements (PPA), connaissent un développement rapide en France. Ces contrats, conclus directement entre un producteur d’énergie renouvelable et une entreprise consommatrice, offrent une visibilité sur les revenus futurs, indépendamment des mécanismes de soutien public.

Pour les investisseurs, les PPA représentent une opportunité de sécuriser la rentabilité des projets sur le long terme. Ils permettent également de s’affranchir progressivement des subventions publiques, rendant les investissements moins sensibles aux évolutions réglementaires.

Assurances spécifiques aux EnR avec allianz et AXA

La gestion des risques dans les projets d’énergies renouvelables passe également par des solutions d’assurance adaptées. Des assureurs comme Allianz et AXA ont développé des offres spécifiques couvrant les différentes phases d’un projet : construction, exploitation, pertes d’exploitation liées aux aléas climatiques, etc.

Ces assurances permettent de sécuriser les investissements en transférant une partie des risques. Il est crucial de bien évaluer les besoins en couverture et de comparer les offres pour optimiser le rapport entre protection et coût de l’assurance.

Innovations technologiques et perspectives d’avenir

Le secteur des énergies renouvelables est en constante évolution, porté par des innovations technologiques qui ouvrent de nouvelles perspectives pour les investisseurs. Ces avancées visent à améliorer l’efficacité des systèmes, à réduire les coûts et à faciliter l’intégration des énergies renouvelables dans le mix énergétique.

Stockage d’énergie : batteries tesla et hydrogène vert

Le développement du stockage d’énergie est crucial pour permettre une intégration massive des énergies renouvelables intermittentes comme le solaire et l’éolien. Les solutions de stockage par batteries, comme celles développées par Tesla, connaissent des progrès rapides en termes de capacité et de coût.

Parallèlement, l’hydrogène vert, produit par électrolyse de l’eau à partir d’électricité renouvelable, s’impose comme une solution prometteuse pour le stockage à long terme et la décarbonation de secteurs comme l’industrie ou les transports lourds.

Pour les investisseurs, ces technologies offrent des opportunités de diversification, que ce

soit de participer à des fonds d’investissement spécialisés dans ces technologies émergentes. Il convient cependant d’être vigilant sur la maturité des solutions et leur viabilité économique à long terme.

Réseaux intelligents et compteurs linky

Le déploiement des réseaux intelligents, ou smart grids, est un enjeu majeur pour optimiser la gestion de l’électricité produite par les énergies renouvelables. Ces réseaux permettent une meilleure adéquation entre production et consommation, réduisant ainsi les besoins en capacités de pointe et les pertes sur le réseau.

En France, le déploiement des compteurs communicants Linky s’inscrit dans cette dynamique. Ces compteurs permettent une gestion plus fine de la consommation et facilitent l’intégration des énergies renouvelables décentralisées. Pour les investisseurs, ce marché offre des opportunités dans les entreprises spécialisées dans les technologies de réseau intelligent, les systèmes de gestion de l’énergie ou encore les services associés à l’analyse des données de consommation.

Énergies marines : projets pilotes d’EDF et DCNS

Les énergies marines représentent un potentiel considérable encore peu exploité. La France, avec ses 11 millions de km² de zone économique exclusive, dispose d’atouts importants dans ce domaine. Des acteurs comme EDF et Naval Group (anciennement DCNS) développent des projets pilotes dans l’éolien flottant et l’hydrolien.

Ces technologies sont encore à un stade précoce de développement, mais offrent des perspectives intéressantes à long terme. Les investisseurs peuvent s’y exposer via des participations dans des entreprises innovantes du secteur ou des fonds spécialisés dans les technologies marines. Il faut toutefois être prêt à accepter un horizon d’investissement long et un niveau de risque élevé, inhérent aux technologies émergentes.

En conclusion, investir dans les énergies renouvelables offre des opportunités de placement à long terme alignées avec les enjeux de la transition énergétique. La diversification du portefeuille, la compréhension des mécanismes de soutien et une veille attentive sur les innovations technologiques sont essentielles pour sécuriser ces investissements. Avec un cadre réglementaire favorable et des coûts en baisse constante, les énergies renouvelables s’affirment comme un secteur d’avenir pour les investisseurs avisés.

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